Traversée de la Pierre St-Martin : du Gouffre de la Tête sauvage à la salle de la Verna

Jan 11, 2021 | Sorties | 0 commentaires

Date : Week-end du 24 au 26 juillet 2020

Participants Spit Club : Gilles JOLIT – Fabrice MAILLET – Romain GAILLARD

Lieu : Traversée de la Pierre St-Martin (Arrette 64570)

Contexte de la sortie : Opération mise en sécurité et nettoyage de la traversée de la Pierre St-Martin organisée par l’A.R.S.I.P. http://www.arsip.fr/

Vidéo de la traversée PSM :

 

Le compte-rendu de Romain :
La Pierre St-Martin (PSM), je l’ai d’abord imaginée dans ma tête après avoir « bouffer » du bouquin depuis ma prise de licence au Spit Club. Les Norbert Casteret, Corentin Queffelec et Aroun Tazief ont su raconter et transmettre l’atmosphère des lieux dans leurs livres, les émotions et imprévus lors de la découverte souterraine de ce massif il y a déjà + de 70 ans. Le tragique accident de Marcel Loubens dans le puits Lépineux et jusqu’à l’extraordinaire découverte de la Salle de la Verna, l’envie d’aller prendre connaissance de ces lieux historiques est donc forcément présente pour tout spéléologue.

C’est la première motivation qui m’a poussé à m’inscrire à cette opération de mise en sécurité et dépollution de cette traversée mythique organisée par l’ARSIP. Désormais, ce seront d’autres motivations qui m’inciteront à y retourner dans le futur.

Nous arrivons le vendredi 24 juillet en fin d’après-midi au Chalet du Braca, le Quartier Général de l’ARSIP et donc de l’organisation pour la traversée de la PSM. Très bon accueil au Chalet où nous prenons connaissance du programme pour le lendemain matin. Nous ferons équipe avec deux spéléos pyrénéens qui connaissent déjà la traversée : Valérie Poitou et Thomas Floriot (qui possède d’ailleurs un BE Spéléo). Ils seront donc nos guides pour cette excursion puisque aucun de nous trois ne l’a déjà effectuée et Christian GIRAULT était dans un autre groupe quelques jours avant nous.

Le départ de notre groupe est prévu pour le lendemain matin vers 09h00. Nous filons ensuite en altitude à la station de la Pierre St-Martin (très vide à cette période de l’année) où nous avons loué un studio pour les 2 nuits à venir. On profite des 2 heures de soleil qu’il nous reste pour aller voir le fameux gouffre Lépineux, à 15 min d’ici en voiture. Nous découvrons (pour Fabrice et moi) que le massif est truffé de gouffres.

 

Des gouffres un peu partout sur le massif

 

Fabrice devant l’entrée d’un gouffre

 

Plaques hommages à Marcel Loubens à l’entrée du Gouffre Lépineux

 

L’actuelle entrée grillagée du gouffre Lépineux

Le soir, nous commandons chez un petit restaurateur du coin des plats à emporter à base de parmentier de canard, bien costaux et bien gras. D’ailleurs, nous regretterons durant toute la nuit et le lendemain matin de ne pas avoir pris un dîner plus léger la veille d’une telle excursion…

 

La mer de nuages au petit matin depuis la station de la Pierre St-Martin

Le matin, nous filons au Chalet du Braca pour prendre notre navette 4×4 qui nous emmènera à l’entrée du Gouffre de la Tête sauvage. Sur les recommandations de Thomas, nous nous équipons chaudement mais en laissant les néoprènes dans le kit pour débuter. Nous les enfilerons une fois parvenus à la base de tous les puits qui composent ce gouffre, environ 360 mètres plus bas.

La descente s’enchaîne très bien grâce à l’équipement posé par l’ARSIP. Cette succession de puits est agréable à descendre et ça nous change des gouffres deux-sévriens. Quelques passages étroits cependant où il faut rentrer le ventre pour certains… et le hachis parmentier de canard de la veille n’y aide pas…

Au passage du Soupirail, le premier contact avec l’eau de la Pierre est glacial malgré la néoprène de 5 mm. Se suivent une succession de ressauts, de canyons, de passages dans la rivière, et de salles dont la mémoire des noms et l’enchaînement me fait défaut. Tout est nouveau pour nous et il ne suffit pas de suivre la rivière pour trouver les bons passages. Nous prêtons surtout attention à nos gestes, aux endroits où ils faut poser les pieds. Il y a des pièges partout, et ce n’est pas le moment de se blesser ici. Malgré un balisage réfléchissant plutôt bien fait, c’est là que l’expérience de Thomas et Valérie est précieuse pour rapidement trouver les bons passages.

 

Valérie devant le passage du soupirail

Les heures défilent vite et nous arrivons au passage clé du « tunnel du vent », que nous faisons à la nage en s’aidant de la corde fixée au plafond. Il ne faut pas s’attarder sur ces 50 mètres de nage, car ça caille vraiment !! Désormais, les parties aquatiques sont terminées. Tout se fera en mode « trekking » jusqu’à la salle de la Verna. Nous faisons une pause un peu plus loin pour enlever la néoprène et nous restaurer avec une petite soupe bien chaude grâce au mini réchaud que nous avons apporté.

 

Progression spéléo à la PSM

Les volumes des salles qui s’enchaînent et les chaos de blocs sont impressionnants. Nos frontales ont d’ailleurs du mal à éclairer le plafond et les parois opposées.

Nous parvenons enfin dans la célèbre salle Lépineux, lieu historique d’arrivée des premiers spéléologues et point de départ initial de toutes les découvertes. Je m’imprègne de l’ambiance des lieux en essayant de me souvenir des passages racontés dans les bouquins : l’entrée du puits par où sont arrivés les premiers explorateurs tout en haut de la salle, le passage près des deux rochers où agonisa allongé Marcel Loubens après son terrible accident. La civière du malheureux, rongée par la rouille y est toujours présente près de 70 ans après… L’emplacement du 1er camp est visible plus bas dans la salle. J’aurais aimé y rester plus longtemps pour profiter de toute l’émotion chargée dans cette salle historique mais il faut continuer d’avancer. D’autres kilomètres de grandes salles nous attendent devant et la fatigue commence à se faire ressentir.

 

Mini topo entre le gouffre Lépineux et la salle de la Verna

Les salles sont grandioses et notre instinct de spéléo nous pousse à aller farfouiller dans chaque recoin mais il faut avancer, poser un pied devant l’autre, escalader certains rochers, redescendre, puis en bout de salle remonter sur le versant pour trouver le passage qui permet de redescendre dans une autre salle. D’ailleurs on en finit par se demander si c’est vraiment 800 mètres de descente qu’il faut faire entre le gouffre de la Tête sauvage et la salle de la Verna. Je serais curieux de connaître tout le dénivelé positif et négatif accumulé sur l’ensemble de cette traversée et qui dépasse à coup sûr les 800 mètres… Peut-être que Christian a cette info à nous communiquer ?

Au bout de 11 ou 12h nous arrivons enfin à la salle de la Verna, dont les éclairages sont éteints malheureusement, et ce ne sont pas nos frontales qui permettront d’éclairer ce grand volume vide. On entend seulement le vacarme provoquée par la rivière et sa cascade. Une fois parvenus au bout bout du tunnel EDF pour ressortir à l’air libre, la partie n’est pas terminée. Il faut maintenant rejoindre la voiture situé à un bon kilomètre de marche plus bas sur le chemin d’accès au tunnel. Un bon décrassage en quelques sortes avec passage devant la benne à ordures où tous les spéléos ayant participer à ces journées de nettoyage peuvent déposer les déchets ramassés durant la traversée.

 

Gilou, Thomas et Fabrice

Nous arrivons à la voiture il me semble vers 22h30 – 23h00 le soir. Nous repassons rapidement au Chalet du Braca pour signaler notre sortie aux organisateurs et récupérer quelques forces avec une ou deux bonnes bières. Puis nous rentrons au studio pour une nuit bien méritée après avoir avalé une casserole de pâtes au préalable.

Pour conclure, ce fut un super moment de spéléo partagé ensemble. De la spéléo d’endurance comme rarement nous pourrions le faire dans le 79 !! Il faut un minimum de préparation physique pour participer à cette traversée et en profiter au maximum, sinon cela pourrait très vite devenir un calvaire. Je compte bien participer à ces prochaines sorties nettoyage (peut être en juillet 2021) mais en adaptant ce coup-ci mon matériel (moins de poids) afin d’économiser mes forces. Prévoir également plus d’eau (ou des pastilles purificatrices d’eau) !! Nous en avons manqué durant la traversée et il n’était pas recommandé de boire directement dans la rivière souterraine.

 

Gilou force le passage dans une étroiture

Le ressenti de Fabrice :

Même pas mal ! Non, en fait courbatures également le lendemain. C’est pour moi un super souvenir, c est pas rien cette traversée… j’ai vu et appris plein de choses et tout ça avec une super équipe.

Pour le CR, n’oublie pas de préciser que Gillou coince dans les écritures 😀

Le ressenti de Gilou :

Moi, j’ai eu quelques souvenirs…mon arthrose s’est souvenue de moi avec quelques tensions musculaires. …Il faut que je perde un peu…pour être plus léger et passer dans l’étroiture! Pour moi aussi, cela restera un super souvenir vécu avec vous…et à refaire…maintenant on connaît ! J’avoue que j’ai beaucoup regardé mes pieds et pas assez la cavité.

Pendant plus de dix années, je suis venu prospecter à a Pierre Saint Martin. Je n’avais jamais eu le temps et l’occasion de réaliser cette « promenade ». Cette traversée est tout bonnement grandiose et variée. 400m de puits techniques avec quelques passages bien serrés avec mon gros sac.

On descend rapidement dans des passages aquatiques sympathiques…et froid…c’est superbe, labyrinthique et long. Cette partie se termine dans le vent en nageant dans le tunnel … du vent.

Ensuite la suite de salles est grandiose….et interminable…il faut chercher les passages. …et on ne fait que monter et redescendre au travers de blocs et d’éboulis….c’est épuisant. Sous le puits Lépineux, c’est gigantesques et émouvant. On imagine les pionniers, leurs courages et la détermination qu’ils ont dû partager. On imagine les émotions de leurs recherches dans ces énormes cavités avec les ridicules éclairages de l’époque.

Une benne a été remplie de déchet. Le maintien du site : C’ est la priorité et le succès de cet initiative de dépollution. Des équipes ont aussi sécurisé le site et remplacé, aménagé les équipements, consolidé la signalisation des parcours. Valérie et Thomas, (nos guides) ont été plus que bienveillant et nous ont parfaitement encadré, guidé. Sécurisé. Merci !!!!…nous avons réalisé la traversée en moins de 11h… Merci aux organisateurs, à l’Arsip,

Pour le Spit Club St-Maixentais
Romain GAILLARD

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