Plongée dans le futur lit de la Rivière de PADIRAC – 2016

Déc 31, 2016 | Désobs / Explos, Plongée souterraine | 0 commentaires

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Participants : Clément Chaput, Alexandre Gauche, Vincent Gourmel, Alexandre Fox, David Berguin, Gilles, Jolit, Jean-Pierre Stefanato, Jean-Claude Collette, Sylvain Grenet, Mathieu Jaegle, Bernard Gauche.

Campagne 2016 – récit de Bernard Gauche

Grâce à deux traversées entre ses résurgences et le gouffre, La Finou-Padirac en 1996 et SaintGeorges-Padirac en 2014, nous avons mis en évidence les trajets principaux de la rivière de Padirac. Mais ce très grand réseau de plus de 20 km pour la rivière principale recèle encore de nombreux mystères.

Cette expédition menée avec l’aide de la FFESSM du 3 au 6 novembre 2016, a eu pour objectif de résoudre l’un de ces mystères, en poursuivant les explorations menées précédemment.

De 2001 à 2006, lors de multiples plongées dans des siphons affluents, je me suis rendu compte que je parvenais dans un même siphon collecteur, 30 à 40 m sous le niveau inférieur de la rivière, et dans lequel arrivent tous ces affluents, ainsi que la rivière sur laquelle on navigue. Il possède de belles dimensions, en moyenne 2m x 3m, et garde la direction générale de la grotte, d’est vers l’ouest. Un jour, que nous ne connaîtrons pas, il deviendra le lit unique de la rivière.

A 4000 m de l’entrée du Gouffre, la Rivière de Padirac se jette dans ce collecteur, par l’intermédiaire de ce qu’on appelle le Déversoir. Cela se traduit par une descente dans un puits, avant d’aborder la vasque d’un beau siphon. J’y avais plongé en 2009 et j’avais parcouru 450 mètres à une profondeur entre -25 m et – 32 m, pour l’essentiel dans une belle galerie légèrement sinueuse. Je m’étais arrêté sur une zone peu profonde à -8m. Cette année-là, j’ai eu le sentiment d’être au bout de mes possibilités avec les moyens alors utilisés : en néoprène humide et circuit ouvert, avec 4 blocs de 7 litres. La poursuite de cette plongée est l’objectif de cette expédition 2016.

Ce jeudi 3 novembre 2016, jeunes fougueux et anciens expérimentés se partagent le matériel de plongée, à transporter en sus du matériel de bivouac personnel. Cette fois, j’ai prévu vêtement sec et recycleur. Si ce matériel me donne beaucoup d’autonomie et un certain confort, donc une meilleure sécurité, cela représente de lourdes charges, d’autant que la sécurité est prévue en ouvert avec 3 blocs de 7 litres.

Après une journée de spéléologie où alternent navigation, escalades et franchissement de « barrières », nous parvenons au bivouac du chaos Martel situé au-dessus de mon objectif. C’est une immense salle d’effondrement de forme pyramidale, de plusieurs dizaines de mètres, dans laquelle chacun va pouvoir facilement s’installer pour la nuit. Vendredi 4, la descente vers le siphon est une sorte de faille qui débute par une étroiture. Gilou équipe le passage d’une hauteur de 40 mètres pendant que je prépare mon recycleur ventral Triton® et l’ensemble du matériel que j’emballe de manière provisoire pour le passage spéléo.

La descente sur corde met à l’épreuve ma combinaison SF Tech, qui va parfaitement tenir le coup, tout en me laissant une bonne liberté de mouvements. Et me voilà 7 ans plus tard au bord de cette belle vasque, avec l’espoir de parvenir à jonctionner avec mon terminus aval, situé sous le camp dit « des 5000 » (5 km de l’entrée du gouffre) et peut-être de découvrir de nouveaux affluents, ou un passage direct vers la résurgence Saint-Georges.

Plonger en side-mount avec un recycleur ventral s’avère très confortable, et permet de gérer facilement le Triton, dont la robustesse est un atout pour ces situations dites de « fond de trou ». La plongée dans ce siphon aval débute par un lac de belle dimension, qui reçoit la cascade du déversoir. Un très beau puits conduit directement dans une galerie de section rectangulaire de 2 m de large et de 3 mètres de haut à une profondeur entre -26m et -35m. Je revisite ainsi la partie déjà explorée, en m’attachant à examiner chaque détail de la galerie, dans l’espoir de trouver un nouveau conduit, ce qui ne fut pas le cas.

A 450 mètres, j’arrive à mon terminus de 2009 et je poursuis l’exploration. J’amarre mon nouveau fil à une profondeur de -8m. A cet endroit, la galerie effectue une sorte de Z, avec un développement dans un joint de strate qui contraste avec le canyon précédent. Au-delà, le siphon redescend à une profondeur de -25m, et reprend l’aspect précédent. La galerie est assez rectiligne et horizontale de 1,5m à 2 m de large, pour une hauteur de 3m, parfois davantage. La visibilité est bonne et mes éclairages à Led relèguent à la préhistoire, les lampes que j’utilisais lors de mes explorations passées. Au bout de 250m supplémentaires de découverte, je fais demi-tour en raison de ma limite d’autonomie de sécurité, un peu surpris de ne pas avoir rejoint mon fil aval. Le retour s’effectue sans difficulté. À un endroit proche de la sortie, sur le fond sablonneux, je trouve un bout de pagaie témoin du canotage qui se pratique environ 70 mètres au-dessus moi et je pense alors à toute l’équipe qui m’a aidé.

Mes expérimentés collègues Stef, Jean-Claude et Gilou m’attendent à ma sortie du siphon et m’aident à tout remballer. Encore équipé de ma confortable combinaison SF Tech, je remonte sur corde les 40 mètres du puits d’accès, tout doucement pour éviter un « coup de chaud ». Les deux jeunes, Alex et Vincent sont partis en virée d’exploration vers l’affluent « De Joly ». Le reste de l’équipe s’est rapproché de l’autre objectif prévu pour le lendemain, une plongée dans l’affluent Viré, que finalement nous remettrons à plus tard, en raison d’un timing un peu juste.

Après une nuit d’un bivouac récupérateur, nous ressortons avec l’ensemble du matériel de cette expédition qui aura apporté un peu plus à la connaissance de la grotte. L’existence de ce réseau profond qui rassemble les eaux du gouffre, n’était pas connue jusqu’à la réalisation de multiples plongées depuis 2001.

Un grand merci à Mme de Ménibus-Gravier, qui nous a autorisé cette expédition, aux Directeurs du Gouffre, Antoine Deudon et Renaud Faral pour leur accueil, à notre Fédération de plongée, à Alexandre Fox pour ses très belles prises de vue, et à tous les participants pour leur assistance.

Bernard Gauche

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