Stage Secours Plongée Spéléo en Lozère en Nov 2015

Nov 10, 2015 | Entrainements, Plongée souterraine | 0 commentaires

Ci-joint, le compte rendu de Bruno ROSSIGNOL sur le stage Secours Plongée qui s’est déroulé en Lozère en novembre 2015

SECOURS PLONGÉE 2015 – Castelbouc, Sainte-Énimie Lozère

Rapport réalisé par Philippe BERTOCHIO Chargé de mission secours plongée

L’équipe du Spéléo secours français tient à remercier tout particulièrement :

– la mairie de Sainte Énimie pour son aimable autorisation pour l’accès à la plongée dans la source de Burles

– les équipes du Spéléo secours français de la Lozère et du Gard pour leur aide, leur matériel et leur participation

– Céline qui a assuré les charges périlleuses de cuisinière et économe

– le gîte des gorges du Tarn pour leur accueil chaleureux.

Le déroulement

Mercredi 28 avril

Le rendez-vous n’est que le lendemain à 9h00. Mais la route est longue pour beaucoup et c’est très échelonné que Philippe, Céline, Laurent, Bruno arrivent dans la soirée. Premier contact avec certains, premières histoires de plongeurs. Mais la fatigue du voyage et de la semaine se fait sentir. Le lit nous attend. A la première heure, Sylvain et Jean-Claude nous rejoignent.

Jeudi 29 avril par Bruno Grotte de Castelbouc, la recherche en siphon Cadres : Philippe et Laurent Stagiaires : Jean-Claude, Sylvain, Bruno & Manu Bien que les plus lointains stagiaires soient arrivés la veille au gîte de Castelbouc, commune de Sainte-Énimie, c’est la première journée du stage de Secours en spéléo-plongée.

Après un accueil chaleureux, nous commençons par un tour de table pour nous présenter (stagiaires et cadres) et préciser notamment nos motivations pour venir au stage. Déjà, nous appréhendons la variété de nos expériences, pratiques, sites habituels… Nul doute que tous les échanges vont être particulièrement enrichissants !

Ensuite, Philippe et Laurent nous présentent le déroulé du stage sur les quatre journées : cela va être intense… Puis, on attaque par un apport sur l’organisation technique d’un secours et un second sur la recherche d’une personne, pendant que Laurent nous prépare des blocs de 4 litres.

Nous découvrons la procédure et le matériel à mettre en œuvre pour la recherche systématique : dévidoirs rétractables «la laisse », flasheurs verts et rouges, cookies, plaquettes …

La fin de matinée est consacrée à la préparation du matériel pour les plongées de l’après-midi, et nous découvrons qu’il va nous falloir partir avec notre matériel de spéléo sèche (baudrier, harnais de torse, longes, bloqueur ventral, poignée jumar …). Une nouveauté pour quelques-uns d’entre nous, de partir ainsi équipés en plongée.

L’après-midi, c’est la mise en pratique sur le site de Castelbouc 1 dans les siphons 1 et 2, avec un peu d’escalade pour arriver au S1, mais surtout un puits de quinze mètres à monter directement à la sortie du S1 depuis l’eau. Manu. et Sylvain vont faire une recherche d’indice dans le S2, tandis que JeanClaude et Bruno resteront dans le S1 dans lequel il y a une branche secondaire intéressante … Faute de temps, les indices, soigneusement cachés par nos cadres, n’auront pas été trouvés, mais la technique et les difficultés de mise en œuvre auront bien été appréhendées par tous.

Nous aurons aussi un tout petit peu découvert cette cavité qui est très intéressante (réseau de plusieurs kilomètres), et Laurent, en ayant choisi ce site, nous aura mis l’eau à la bouche pour y revenir. De retour au gîte, nous faisons le bilan de la journée et nous préparons une partie du matériel pour la journée du lendemain. Le repas du soir préparé par Céline fût particulièrement apprécié, ainsi que la nuit de sommeil pour recharger nos batteries…

Observations Au-delà de la technique de recherche, il est impératif de bien de se coordonner au sein de l’équipe. C’est un travail qui doit être répété au sec et lors d’exercices, afin d’être efficient en cas de situation réelle, et qu’aucun doute ne puisse être possible sur les sections fouillées. Partir sous l’eau avec tout le matériel de spéléo sèche nécessite de bien organiser son équipement, et aucun détail ne doit être négligé ! Le diable se cache dans les détails, comme on dit.

Vendredi 30 octobre par Manu Grotte de Prades, mini barnum Cadres : Philippe/Laurent Stagiaires : JeanClaude/Sylvain/Bruno/Manu Gestion de surface : Eva Richard SSF30/48 Thème : Point chaud et communication dans un contexte d’exercice.

Les brumes matinales accompagnent les aspects théoriques au gîte. Le soleil arrive, les bouteilles se gonflent pendant que l’on conditionne le strict nécessaire : 2 kits par plongeur pour transporter un bi de quatre litres, la combinaison en néoprène et les accessoires de batraciens, un sherpa et deux containers étanches accueillent le matériel assistance victime, un Téléphone par le sol « Nicola » et un TPS Pimprenelle, dernier né de la recherche au sein du Spéléo secours français.

Nous pique-niquons au bord du Tarn, puis nous nous équipons et c’est bien chargés que nous grimpons le sentier escarpé menant à l’entrée de la cavité. Déjà, une première étroiture sévère nous oblige à déployer une chaîne humaine pour descendre les quatorze charges dans cette série de ressauts intimes menant à la rivière. Jean-Claude nous épate d’un salto avant, réception tête en bas sur le dos de Manu. Quelques bonnes dizaines de mètres de laminoirs, parsemés de gours et entravés de concrétions malmènent l’équipe et les kits: çà frotte et ça fusent côté robinets !

Enfin la plage : l’équipe 1 (Jean-Claude et Sylvain) est précédée du cadre «victime» (Laurent) pour franchir les deux siphons qui s’enchaînent. L’équipe 2 (Bruno et Manu) pose le TPS Nicolas sous la surveillance de Philippe et établissent le contact avec Eva qui est en surface.

L’équipe 1 met en œuvre les premiers gestes salvateurs, pose une attelle sur l’avant bras fracturé, improvise un point chaud de fortune au fond de la galerie humide, intime, en diaclase, déchiquetée de lames rocheuses… et réalise un bilan complet. L’équipe 2 arrivent en soutien, chauffe le thé et tente d’établir un contact au Pimprenelle, sans succès car les antennes sont vraiment proches. L’équipe 1 franchit à nouveau la zone noyée pour transmettre le bilan, l’équipe 2 tente de réchauffer la victime, refait un bilan, puis reconditionne le matériel…

Sortis de l’eau, dernier contact avec la surface, nouveau reconditionnement puis retour bestial en surface. Un violent et long combat s’engage alors entre Bruno et l’étroiture sournoise de sortie. Cette dernière est coriace mais le vif esprit de notre ami et quelques encouragements chaleureux lui permettront quand même de profiter de l’apéro. TPST 6H environ.

Observations Portage : attention aux conditionnements, protéger les robinets, penser aux bouchons. Toutes les charges doivent bénéficier d’une longe et d’un mousqueton. Les kits doivent être soigneusement fermés, les bouteilles sécurisées et solidaires.

Les containers étanches doivent bénéficier de poignée de portage et de longe en V en tête pour faciliter le halage vertical. Attention à l’équilibrage des charges avant mise à l’eau, les charges trop positives (ou négatives) sont vraiment un handicap en progression aquatique. Faire preuve d’anticipation quant aux actes sur et autour de la victime, et prioriser les étapes en fonction de la situation. La couverture de survie est prioritaire. Passer des infos et le bilan par TPS, même si la communication ne semble pas établie avec la surface : pour le coup, la surface entendait les appels des Pimprenelle.

Conclusion : riche et éprouvante journée !

Samedi 31 octobre 2015 par Sylvain Lieu : Porche de la Dragonelle (Hameau de StChelly du Tarn), technique d’évacuation sur corde. Cadres : Laurent / Manu / SSF48 Stagiaires : Jean-Claude / Bruno / Sylvain Participants additionnels : 8 secouristes du SSF48 et 1 du SSF 30 Thèmes : manœuvres de corde en falaise / transport du brancard.

Lever rapide et petit-déjeuner solide, préparation des sacs techniques et quincaillerie. Le matériel de plongée s’offre un petit repos et un étendage improvisé devant le gîte (au passage, quelques manœuvres de rinçage et désinfection de certaines combinaisons humides) pour la journée. Départ pour le hameau de St-Chelly du Tarn où nous avons rendez-vous avec les collègues du SSF 48 et 30. Pendant la répartition du matériel, nous nous faisons assaillir par une avalanche de petits gâteaux frais et encore chauds du matin ! La chef d’équipe logistique du SSF48 est d’une redoutable d’efficacité. Puis départ pour le site du porche de la Dragonelle, que Laurent a choisi en raison de son aspect surplombant, bon point en cas de pluie. En l’occurrence, le soleil brillera et nous narguera depuis l’autre versant. Pendant que les techniciens aguerris s’occupent à installer les amarrages avec Laurent pour le parcours du brancard, les stagiaires révisent les bases sous la houlette de Manu le farfadet du Doubs : répartiteur de charge, perçage d’ancrages / spiterie, pouliesbloqueurs, techniques de tyrolienne et balancier, etc.

Le deuxième temps de la matinée consiste à la mise en pratique des enseignements du matin, avec le montage de la tyrolienne, des mains courantes et des deux ateliers poulie-balanciercontrepoids.

Pour terminer la matinée, nous nous exerçons au brancardage au sol, en augmentant progressivement les difficultés et le poids de la victime. Après un rodage en terrain plutôt plat, Laurent nous envoie dans un canyon étroit et pentu. Le brancard passe de main en main, nous testons les appuis genoux et le roulement des équipes en espace confiné. Après cet intermède physique, nous sommes à nouveau surpris par un doux fumet, celui des gâteaux de Christine et du pique-nique préparé par Céline. L’après-midi commence par le choix d’une victime consentante, afin de tester le parcours aérien… comme tout bon chef dévoué à ses troupes, Laurent montre l’exemple et se laisse brancarder dans les airs. Tout se passe bien. Jean-Claude découvre le chemin inverse, l’air très zen et confiant… mais au fond il n’en pensait pas moins. Néanmoins, beaucoup de pression afin de prouver qu’il vient bien du bon côté des gorges… et point de néoprène humide pour une goutte de soulagement… Bien entendu, étant originaire du pays de la Croix Rouge, je lui ai promis mon aide en cas de pépin et qu’il ne souffrirait pas (trop). JC m’avait au préalable cédé la recette exclusive de son fameux pâté…

Là encore, tous les ateliers ont fonctionné sans anicroches. Nous avons ensuite rangé le matériel à la nuit tombante, déséquipé les cordes et ancrages, avant de retourner aux véhicules. Une dernière volée de gâteaux a achevé de vider nos stocks d’endorphines, quel panard!

Observations Excellente ambiance, très constructive et répartitions équilibrées des secouristes techniquement plus avancés avec ceux moins aguerris, offrant une bonne plate-forme d’échange. La perspective est plus impressionnante en falaise que dans le noir d’un puits ou en milieu confiné. Bravo aux organisateurs, aux cadres et merci à Christine ! Les techniques de corde plus pointues, comme les balanciers ou les tyroliennes, mériteraient d’être entraînées plus souvent, les risques d’erreurs de manipulation y sont plus grands.

Conclusion Au final, chacun garde ses spécificités mais il faut avoir touché à tous les postes pour comprendre les impératifs des autres. C’est d’autant plus vrai pour les secouristes plongeurs, qui vont se retrouver seuls post-siphon et devront être polyvalents.

P.S : JC, la prochaine fois, demande à Philippe de rentrer dans le brancard, puis une fois sur le palan, exige ton fameux Bonex en échange d’un retour sain et sauf sur le plancher des vaches… 😉

Dimanche 1 novembre 2015 par Jean-Claude Source de Burles, exsurgence karstique de type vauclusien, évacuation aquatique. Cadres : Philippe et Laurent Stagiaires : Jean-Claude, Sylvain, Bruno & Manu Participants additionnels : 8 secouristes du SSF48 et 1 du SSF 30

Lever tôt sept heures afin de rendre le gîte propre pour neuf heures. Arrivée à la source vers dix heures forte cinétique autour de la vasque. A noter un travail remarquable des spéléo de la Lozère et du Gard pour installer une tyrolienne afin de poser comme une fleur Philippe la pseudo victime (quel courage) dans la vasque. Nous installons la victime dans son sarcophage (quel humour) sur le parvis de la résurgence. C’est de manière mécanique que nous l’installons sans vraiment prendre le temps d’une réelle réflexion sur le pourquoi du comment.

La partie aérienne se passe très bien. Arrivé dans l’eau, les choses se corsent. Nous avons une réelle difficulté à équilibrer la civière avec les plombs. L’équilibrage étant réaliser c’est le vêtement victime qui prend l’eau peut-être un problème de purge ! Nous comprenons assez rapidement que nous ne pourrons pas amener Philippe dans sa civière au puits jusqu’à -27 mètres. Nous répartissons les rôles et nous voilà partis pour deux petits tours dans la vasque d’entrée. Nous remontons à la surface. Philippe a froid, la combinaison a pris d’eau. Il est temps de ressortir la civière par la tyrolienne. La partie aérienne est très pro rien à dire !

Observations Bilan mitigé mais néanmoins constructifs. La manipulation de la civière ne s’improvise pas. Il faut du temps à l’équipe de plongeurs qui doit se connaître. Les rôles de chacun doivent bien être définis et travaillés ensemble. Il me paraît évident qu’un stages dédié à la civière sur plusieurs jours ne serait pas de trop. L’apprentissage en lac et siphons à topographies variables doit permettre de progresser sereinement et en toute sécurité pour la victime. Conscient de tout le travail qu’il a fallu pour en arriver là. C’est un outil très performant à ne pas mettre entre toutes les mains sans réelle compétence. Mais il y a un début à tout. Ce fut une très belle expérience et un passage obligé pour allez plus loin.

Le mot des cadres Avec quatre stagiaires, nous étions dans des conditions optimum. Mais la motivation de nos stagiaires, leur soif d’apprendre et leur bonne humeur ont fait de ce stage un très bon moment.

Voici quatre nouveaux sauveteurs spéléo-plongeurs à qui nous confierons, en confiance, une prochaine mission.

Laurent CHALVET : conseiller technique départemental de spéléologie de la Lozère, technicien référent en secours plongée (TRSP), conseiller technique départemental de spéléologie de la Lozère et adjoint pour le Gard.

Philippe BERTOCHIO : chargée de mission secours plongée, technicien référent en secours plongée (TRSP), conseiller technique départemental de spéléologie des Alpes de haute Provence, et adjoint pour les Hautes Alpes.

 

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